Face à un été 2019 très marqué par la sécheresse et la canicule, nous avons souhaité faire le point sur le comportement des jardiniers face aux températures extrêmes de l’été et appréhender l’évolution des pratiques. Vous avez été nombreux à répondre à notre grande enquête * et nous vous en remercions.

En effet,  et même si depuis près de trois ans, nous avons noté un réel effort de nos clients les plus expérimentés pour planter de manière adaptée à leur région. Il nous a paru important de vérifier si la sécheresse exceptionnelle de cette année avait ou non transformé ce lent mouvement souterrain en vraie tendance de consommation.

Et les résultats confirme ce que nous pressentions :

  • La sécheresse 2019 a occasionné des dégâts de grande ampleur
  • 96 % des jardiniers français interrogés envisagent de modifier leurs pratiques et d’adapter leur jardin à la nouvelle donne climatique.

Les points essentiels, à retenir

Outre ces deux éléments majeurs, voici les principales conclusions de l'enquête :

  • Plus d’un jardin sur deux a été impacté fortement à très fortement par la sécheresse,
  • + 90 % des jardiniers interrogés ont mis en place des mesures concrètes pour lutter contre la sécheresse cet été,
  • Malgré les mesures de restriction en eau, près de 50% des personnes interrogées ont accru leur arrosage, souvent de manière inadéquate,
  • Ils sont 62% à considérer qu’un changement fort à très fort de leurs pratiques au jardin est nécessaire face au changement climatique,
  • Ce changement passe très majoritairement par le choix de végétaux résistants au manque d’eau.

Des dégâts de grande ampleur dans les jardins

Pour 53% des français interrogés, la sécheresse estivale a eu un impact fort à très fort sur leur jardin. Au-delà de la pelouse entièrement grillée (42%), sans conséquence puisqu’elle reverdira naturellement à l’automne, les jardiniers ont constaté des dégâts importants sur les fleurs et feuillages d’ornement (53%), ainsi qu’au potager (42%).

Il est intéressant de noter que près de 20% d’entre eux ont perdu des végétaux installés depuis longtemps dans leur jardin.

Les dégâts ont été plus importants dans les régions qui ont connu la plus forte sécheresse, notamment en Bourgogne Franche Comté, Centre-Val de Loire, Grand Est, Occitanie, Pays de la Loire.

... qui ont provoqué une réelle prise de conscience des jardiniers

Cet été, 93% des jardiniers interrogés ont mis en place des mesures concrètes pour lutter contre la sécheresse : arrosage (63,1%), paillage (62,5%) et binage (27,4%) ont été les 3 gestes les plus adoptés.
Essentiels face au manque d’eau, ces pratiques se généralisent parmi les jardiniers, mais nécessitent encore un effort d’évangélisation important.

Arrosage : un dilemme fort et des pratiques encore peu appropriées

Dans un contexte où l'arrosage automatique reste minoritaire (15,2%) mais une option envisagée pour l’été prochain (8%),

  • les jardiniers sont plus de 45% à avoir supprimé ou réduit l'arrosage du jardin pour respecter les mesures de restrictions d’eau imposées dans 87 départements de France métropolitaine cet été.
  • Mais ils restent encore près de 50% à l’avoir accru, de manière pourtant peu appropriée pour la plupart d’entre eux.

Michaël le Bret, responsable des collections végétales chez Promesse de Fleurs rappelle, à ce propos :

« Il est plus important que jamais de continuer à informer les jardiniers sur les bonnes pratiques en cas de sécheresse : un arrosage peu fréquent mais abondant est préférable, et un sol correctement paillé et fréquemment biné conserve 6 fois plus longtemps l'humidité qu'un sol laissé à nu. »


La collecte et le recyclage de l’eau de pluie est une mesure ancrée dans les habitudes des jardiniers. Ils sont en effet plus de 62% à recycler l'eau de pluie pour arroser leur jardin. Et ils pratiquent cette astuce économique et écologique depuis longtemps. 24% ne la recyclent pas mais pensent tout de même à le faire.

Une révolution des pratiques de jardinage est en cours

A l’avenir, 96,7 % des français interrogés envisagent d’aller plus loin dans la modification de leurs pratiques et d’adapter leur jardin à la nouvelle donne climatique. Ils sont 62% à considérer qu’un changement fort à très fort de leurs habitudes est nécessaire.

Cette prise de conscience se traduit par le projet de planter des végétaux moins exigeants en eau (65,9%), d’adopter des végétaux mieux adaptés au climat et au sol (53,2%), de favoriser la biodiversité au jardin (44,3%), et enfin de planter des arbres pour créer des zones d’ombre (24,5%).

Les plantes plébiscitées par les jardiniers interrogés sont les suivantes :

  • des vivaces résistantes à la sécheresse (82,6%)
  • des feuillages décoratifs, tels que la cordyline ou le phormium (23,3%)
  • des succulentes, comme l’agave ou la joubarbe (19,6%)
  • des arbres de type méditerranéen, tels que palmier ou olivier (13,9%)
Plantes adaptées à la sécheresse

Cordyline australis Pink Passion, Agave havardiana, Trachycarpus fortunei, Olivier

Parmi les régions dans lesquelles les intentions de changements de pratiques sont les plus fortes, on notera la Corse, l’Occitanie, et Provence-Alpes-Côte d’Azur. A l’inverse, ces intentions sont moins fortes en Bretagne et en Normandie.

La filière horticole doit répondre à la mutation

Pour la filière horticole, secouée par 15 ans de crise, répondre à la mutation accélérée de la demande est absolument critique : il faut enrichir les gammes de variétés demandant peu d'entretien et supportant bien le manque d'eau, et répondre à une demande croissante d'expertise et de conseil.

Sur le site Promesse de Fleurs, la sécheresse de cet été a incontestablement modifié en profondeur la nature des achats des jardiniers. Sur la période de mi-juin a fin-août 2019, les ventes de plantes vivaces méditerranéennes ont bondi de 40% par rapport à 2018.

Sur certaines familles végétales typées terrain sec, c'est une véritable explosion : armoises (+63% de ventes), lavatères et mauves (+200%), valériane (+220%), kniphofias (+115%).

En revanche, les jardiniers se sont détournées des plantations typiques d'un été pluvieux comme les annuelles pour jardinière (-20%), les bulbes à floraison printanière (-30%), les plantes vivaces de terrain humide (-10%), avec des chutes spectaculaires pour des familles emblématiques de terrain frais comme les digitales et les anémones du Japon (-40% chacune).

Du coté des arbustes, on note la progression des palmiers (+60%) et des hibiscus (+70%).

Sur le site de Promesse de Fleurs, le montant du budget consacré à l'écriture de conseils jardin est quatre fois plus élevé que celui consacré à la publicité et explique une croissance soutenue de l’activité depuis 10 ans. Cet été, un article sur les 10 vivaces résistantes à la sécheresse a ainsi vu son trafic multiplié par 6 par rapport à l’été 2018, tandis que ceux sur l’arrosage du jardin en période de canicule ou les 10 alternatives au gazon ont doublé.

Aujourd'hui, la tendance, réconfortante, est à une demande de conseils centrée sur l'adaptation à un terroir.

 


* Enquête réalisée en ligne auprès d’un panel de 5800 consommateurs, qui jardinent régulièrement et qui disposent d'un jardin, balcon ou terrasse. L'échantillon est représentatif de la population des jardiniers français sur les critères du sexe, d'âge, et de région