Lorsque j'étais enfant, mes parents avaient un petit bassin de jardin ou plutôt une petite mare dans leur jardinet de ville. Des années plus tard, quand j'ai commencé mon jardin, c'était une évidence qu'il y aurait un jour un point d'eau. À un moment donné, mes rêves étaient hantés des nénuphars de Monet, du chant des grenouilles et de ballets de libellules… signe qu'il était temps de me jeter à l'eau !

Mon premier bassin : dans un demi-tonneau

J'ai commencé petit et très simplement, avec un demi-tonneau et un nénuphar. Les années ont passé et la passion grandissante, j'ai ajouté d'autres plantes. Dernièrement, j'ai été obligé de remettre un morceau de bâche car le fond pourrissait… non depuis l'intérieur mais d'en dessous ! Le demi-tonneau était pourtant sur une dalle en béton mais il y a toujours de l'eau stagnante et le demi-tonneau a fini par se faire ronger par en dessous et par ne plus être étanche. J'ai donc cloué un morceau de bâche pour bassin en epdm avant de réinstaller les plantes.

Bassin, demi-tonneau

Bâche clouée pour étanchéifier mon demi-tonneau

C'est finalement plus discret que je ne le pensais, et puis les plantes vont reprendre leur place et camoufler un peu plus les bords.

Ce mini bassin accueille un nénuphar nain, une petite prêle toute fine, un géranium palustre qui s'est invité tout seul, un céleri d'eau, un peu de myriophylle, un iris, une superbe graminée très graphique. Et je n'oublie pas les lentilles d'eau qui camouflent si bien les paniers.

Bassin de jardin

Un petit point d'eau créé avec un demi-tonneau.

Mon deuxième bassin : le bassin rond

Un jour, un ami est venu avec son tracteur pour dessoucher un énorme seringat, vieillissant et mal placé. Je me souviens de mon mari s'exclamant : "Tu voulais un bassin ? Tiens, la moitié du trou est fait !".

Et l'aventure a commencé :  on a creusé un peu plus, élargi, peaufiné les bords et les paliers jusqu'à obtenir un cercle de 3 mètres de diamètre.

Comme notre terrain est légèrement en pente, il fallait rattraper le niveau. Nous avons donc installé une bordure écolat sur le pourtour. Il s'agit d'une épaisse bande de plastique recyclé. Elle est imputrescible et visée sur des "écopics". Le bassin affleure donc le sol à l'arrière, tandis qu'un petit muret de pierres sèches apparaît sur le devant, dissimulant l'épaisse bâche en EPDM.

Bassin de jardin

Création du bassin rond : installation de l'écolat - Remplissage du bassin - Bassin terminé en mai 2013.

Cinq ans après, la végétation s'est bien développée ! Ce coin est devenu l'un des points forts du jardin… Il n'y a plus qu'à s'installer sous la gloriette tout près et savourer.

Bassin de jardin

Le bassin rond en juin 2018.

Dans le bassin, deux plants de nénuphars prospèrent, ils sont accompagnés d'une pesse d'eau qui s'élancent vers de ciel tels de petits sapins. Des Iris versicolor et une grosse touffe de pontédéries y fleurissent aussi, à des moments différents.

Aux abords, j'ai planté divers graminées et des vivaces en tous genres ainsi que des rosiers. Sur le devant, j'ai réalisé ce que j'appelle la "collerette d'ajuga" (A. reptans 'Black Scallop'). Elle est ceinturée par une bordure de briques de récupération qui permet à l'herbe de l'allée de ne pas venir coloniser la collerette, ce qui facilite l'entretien et le passage de la tondeuse.

Ce bassin, je ne pourais plus m'en passer. Il m'a apporté tellement de joie que j'ai eu envie d'en créer un troisième.

Le troisième : le bassin du "petit jardin"

Dans le "petit jardin", à cet endroit, il y avait un petit trou d'eau alimenté par l'une des sources souterraines du jardin. Mais le niveau d'eau restait désespérément à 40 cm sous le niveau du sol et ça ne me plaisait pas. Il fallait donc imaginer une pièce d'eau complètement différente, en tenant compte de notre contrainte principale : la source.

Je rêvais aussi d'une cascade, d'entendre le bruit de l'eau qui coule. L'idée était donc de créer deux bassins, à des niveaux différents. Cela permet d'une part de ne pas obstruer la source naturelle qui s'écoulait à cet endroit et d'autre part, de pouvoir créer notre cascade. Je vous passe les détails de la mise en oeuvre, c'est un peu compliqué... mais, pour résumer : sous le bassin du haut, nous avons installé un drain entouré de graviers, avant de poser un feutre géotextile et la bâche en EPDM. Faute d'écolat et ne voulant pas faire de frais supplémentaires, j'ai réalisé un boudin fait de briques de récupération, entourées de géotextile pour faire le bord du bassin du haut. Mais si c'était à refaire, je n'hésiterais pas à racheter de l'écolat. D'ailleurs, il est fort probable que je refasse cette partie dans un avenir proche. A chaque fin d'hiver, je remarque des affaissements (et par conséquent des fuites d'eau) dus à l'activité de rongeurs qui font des galeries dans ce coin. Avec l'écolat, je n'aurais pas eu ce problème.

Creer un bassin de jardin

Création du bassin du petit jardin en août 2013.

Enfin, dans le bassin du bas, nous avons installé une pompe en circuit fermé qui aspire et envoie l'eau vers le bassin du haut. L'eau retourne ensuite dans le bassin du bas par débordement via la cascade.

Encore une fois, vous constaterez que la végétation s'est bien appropriée les lieux !

Bassin de jardin

Le bassin du "petit jardin" en juin 2018.

Côté plantes, encore des nénuphars, des Iris versicolor, une preslia au feuillage exhalant un délicieux parfum mentholé et du myriophylle agrémentent le bassin du bas.  J'ai rajouté un joli trèfle d'eau l'année dernière. Dans le bassin du haut, c'est notamment l'étrange vanille d'eau qui se laisse admirer.

Ce bassin dispose aussi d'un trop-plein, c'est le marais. Pour réaliser ce dernier, il a fallu creuser, installer un géotextile et bâcher également avant de le remplir de terre et de planter. Dans le marais prospèrent les joncs sauvages (un peu trop !), un Darmera peltata, un géranium des marais, des graminées et des iris, quelques massettes arrivées là comme par magie, des salicaires et des primevères japonaises blanches accompagnées de fougères sauvages.

Bassin de jardin

Cascade du bassin du "petit jardin".

Dans des poches de plantations, j'ai installé des graminées comme l'herbe du Japon, quelques hostas et un tapis de lysimaque dorée. Enfin, la "rosomane" que je suis a tout de même réussi à caser des rosiers (on ne se refait pas !). J'ai simplement gardé des endroits sans bâche pour pouvoir les planter.

Chez moi, végétaliser au maximum afin de l'intégrer au mieux, rendre l'endroit le plus naturel possible est une obsession.

Grenouilles, libellules et tritons : le cadeau bonus !

Comme vous le constatez, installer ces bassins nous a demandé quelques efforts. Ils sont amplement récompensés par toutes les plantes que nous avons pu y installer. Mais pas seulement... En effet, beaucoup de grenouilles y ont élu domicile, ainsi que des familles de tritons, de nombreuses libellules de plusieurs espèces, sans oublier tous les insectes aquatiques, friands des larves de moustiques tant redoutées. D'ailleurs, on me demande souvent : "Vous avez des poissons ? Mais comment vous faites pour les moustiques ?" 

Et bien, non, pas de poissons dans les bassins et nous ne faisons absolument rien contre les moustiques ! Les Dytiques et autres prédateurs font des orgies des larves de ces insectes suceurs de sang… C'en est même impressionnant, les larves ne font pas 1 h !

faune du bassin de jardin

Accouplement d'Agrions, grenouille verte, jeune libellule tout juste sortie de son exuvie.

Aujourd'hui, je ne saurais imaginer mon jardin sans cette vie qui s'anime autour des pièces d'eau. L'un des moments que je préfère, c'est la naissance d'une libellule… c'est tellement captivant ! Ce sont toujours des centres d'attraction pour mes visiteurs qui passent de longs moments, absorbés, envoûtés par la magie qui en découle.

Si vous souhaitez vous lancer dans l'aventure, je ne peux que vous conseiller les livres d'Eric Lenoir : "Créer simplement un bassin de jardin" et "Plantes aquatiques et de terrain humide".